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 « Par un ingrat qui trahit l’amitié.
« Un orphelin lâchement dépouillé
« Vint sur ce seuil déplorer sa misère,
« Et sur ces tours appela le tonnerre. »
Comme il parlait, dans ces vastes débris
Il entendit de lamentables cris ;
Il vit après une dame éperdue
Entre les bras d’un perfide Enchanteur,
Sur un cheval s’élever dans la nue.
Organt poursuit ce lâche ravisseur :
Il le défie, et jure en sa colère
Qu’il le suivra jusqu’au bout de la terre,
Pour immoler un perfide larron,
Dont la bassesse et la décourtoisie
Osent ravir un aimable tendron.
« Nice, dit-il, ainsi me fut ravie.
« Tu périras, coupable Négromant.
« Et ton trépas expiera mon tourment. »
Or vous saurez que mon Antoine Organt,
En cris perdus exhalant sa colère,
Ne voyait rien qu’une belle chimère,
Que la terreur de ce bord effrayant
Avait soufflée en son cerveau brûlant.
Laissons Organt et sa valeur trompée,
Ma Muse ailleurs devrait être occupée.


CHANT XV

ARGUMENT

Description du Temple d’Irminsul, Vitikin, en marchant vers Herminie, y vient implorer le secours des Dieux ; siège d’Herminie ; Vitikin arrive dans le camp d’Hirem.


Près d’Herminie était une forêt,
Asile aux Dieux consacré d’âge en âge,
Et dont l’aspect redoutable et sauvage
Impose à l’âme un auguste respect ;