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« Pour savourer un spectacle si doux,
« Si digne enfin de Néron et de nous.
« Rome, il est vrai, théâtre de ma gloire,
« De mon Empire a secoué le joug ;
« Mais des effets de mon juste courroux
« Rome jamais ne perdra la mémoire.
« La criminelle et l’ingrate qu’elle est,
« Mon bras la fit Souveraine du Monde.
« Les vastes mers lui soumettaient leur onde,
« Et l’Univers en tremblant l’adorait.
« Voilà le prix que d’un amour si tendre,
« L’indigne prix que je devais attendre.
« Elle aime mieux ramper sous un caffar,
« Que triompher sous la loi d’un César.
« Ah ! si le sort m’eût prédit cette injure.
« Depuis long-temps, au lieu de ses palais,
« Le soc vengeur tracerait des guérets.
« Que dis-je ? Non, de cette terre impure
« J’aurais flétri la coupable nature,
« Et sur ses murs et ses fiers bastions,
« L’âne du Tibre eût mangé des chardons.
« De tels affronts me demandent vengeance ;
« Que si je n’ai le plaisir de régner,
« J’aurai du moins celui d’exterminer.
« Je veux d’abord anéantir la France,
« Et ce Charlot qui tranche des Césars,
« Lequel m’a fait une sensible offense,
« En subjuguant mes amis les Lombards.
« Turpin l’Évêque a, contre mon augure,
« Commencé l’œuvre. Ah ! de rien plus ne jure.
« Fortune arrive, en dépit de nos soins,
« Par le chemin qu’on l’attendait le moins.
« Quoi qu’il en soit, profitons de la chance.
« Dieu, par l’Olympe, en a fait le serment ;
« Il a juré d’abandonner la France,
« Tant que Turpin n’aura fait pénitence,
« Et ne sera de retour dans le camp
« Donc mon labeur doit être qu’il empêche