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(Car il n’était tyran que par les autres),
« Je plains les Francs qui naîtront après moi.
« Les voià donc, ces enfans des Apôtres,
« Ces hommes saints, ces Ministres de paix !
« Grand Dieu, je vois leur sacrilège audace,
« Avec fureur s’armer contre ma race,
« Et me punir de mes propres bienfaits ! »
Le bon roi Charle, à ces tristes peintures,
Et des forfaits, et des peines futures,
Devint plus fou qu’il ne l’était avant ;
Et pour changer ce destin effrayant,
D’un pesant coup de sa fatale épée,
Fit en éclats voler l’urne trompée.
Tout se mêla. Charle, malencontreux,
Vit ses enfans encor plus malheureux.
De l’avenir l’histoire confondue
Mit dans le monde une horrible cohue ;
Dessous le dais on vit des Matelots ;
Un Prince Pâtre, un Pâtre Secrétaire,
Un Soldat Pape, et cette pauvre affaire
Est la raison de mille quiproquos,
Que l’on a vus depuis lors sur la terre.
Le Saint Louis, Pèlerin conquérant,
Était Curé d’une paroisse avant ;
Philippe III, un Bourgeois Gentilhomme ;
Son fils le Bel, Nonce, et digne de Rome.
Ses successeurs, n’importe guère quoi.
Valois guerrier, ou Ministre, et non Roi ;
Le bon roi Jean, Soldat d’infanterie ;
Charle huitième un beau Berger galant ;
Louis onzième, Avocat ou Sergent ;
François premier, Roi, mais plus défiant,
Moins preux, plus sage, et vainqueur à Pavie.
Ce Charle neuf, dont le cœur enragé,
A bu le sang de son peuple égorgé,
Était avant Inquisiteur d’Espagne ;
Médicis, rien ; Henri trois, Lieutenant ;
Mayenne, Abbé ; Guise, non mécontent.