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Que l’homme enfin, vil Roi de l’Univers,
Leur dit : Tremblez, je suis le Roi du monde ;
Car, avant lui, ces êtres fortunés
Ne connaissaient aucune dépendance,
Et les forfaits n’étaient point encor nés ;
Mais avec lui, tous ils prirent naissance.
Enfin voici ces grands déserts peuplés
D’êtres divers ; l’un nage, l’autre vole,
Un autre rampe, un autre caracolle :
Mais maints d’entre eux n’étaient pas accouplés ;
Or avec eux leurs espèces périrent,
Jeux d’un hasard inconséquent, badin,
Qui les créait sans avoir de dessein.
Ces animaux leurs femelles suivirent.
Et la lumière à d’autres ils transmirent ;
Car la Nature en leur sein avait mis
Le germe heureux dont ils étaient sortis :
L’âme est ce germe, et ce germe est la vie,
Et nous mourons quand sa source est tarie.
Le nombre était des germes limité
Apparemment. S’il n’eût été complé,
Depuis ce temps, cette terre peut-être
À d’autre qu’eux eût encor donné l’être ;
Puis l’avarice et la rapacité,
En travaillant, en bâtissant des villes,
Ont pu troubler ses mystères fragiles.
La voilà donc la fière humanité !
Maints autrement ont fait le monde naître.
Un Dieu voulut, dit-on, et tout fut fait ;
Il aurait dû plus de travail y mettre,
Et son ouvrage eût été plus parfait.
Notre Empereur, aussi sot que Grégoire,
Voyait les cieux, et demandait à boire.
Denis l’emporte, et ne sais quel chemin
Le conduisit au palais du Destin.
Le Temps hardi l’a construit de sa main,
D’un bois pareil à celui de Dodones.
Le dome, peint de l’histoire des ans,