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Pour réunir et liguer leur puissance.
Et c’est de là que naît le mouvement
Qui fait rouler ces yeux du Firmament.
Par ce ressort leur course est déployée.
S’ils unissaient tous leurs orbes divers,
Ils réduiraient en cendres l’Univers ;
Mais l’ordre naît de leur fougue liée,
L’une par l’autre elle est modifiée.
La terre et l’eau, paisibles élémens.
Dans le repos bientôt se désunirent,
De l’Océan les ailes s’étendirent ;
Du vieux chaos la colère se tut ;
La mer était, et la terre parut.
L’air, agité par les masses pesantes
De ces soleils et lumières errantes,
De l’Océan agite aussi les flots.
Qui, par le flux et reflux de ses eaux.
Berce la terre et ses plaines flottantes.
Mais ce n’est tout. Voici le monde né ;
Mille soleils vont roulant dans l’espace,
Tout rit, tout prend une nouvelle face,
Et tout cela devait être damné !
La terre froide, et déserte, et sauvage,
Couva long-temps les germes différens
Que la chaleur animait dans ses flancs.
L’on doit penser qu’il fallut un long âge
À notre mère, avant que de son sein
Ces fruits tardifs se tirassent enfin.
Les champs déserts, émaillés de verdure,
Firent d’abord sourire la nature ;
Bientôt après le chêne audacieux,
Vers le soleil tendit ses bras noueux.
Mais ce ne fut qu’après un nouvel âge
Qu’un volatil s’éleva dans les airs,
Et dans les bois essaya ses concerts ;
Que l’aigle altier vola vers le nuage ;
Que le lion rugit dans les déserts ;
Que le poisson se promena sous l’onde ;