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S’insinuant au corps du roi de France,
Par sa vapeur lui rendit l’existence.
Notre Empereur, du pied jusqu’au collet,
Servait de moule à la divine essence
Qui ranima tout ce qu’elle touchait,
Hormis le chef : et la raison, je pense,
En concevez ; Saint-Denis n’en avait.
Il lui rendit, par un trait de magie,
Et la parole, et la vue, et l’ouïe.
Ce Prince, avant, n’avait que sa folie ;
Il en eut deux. Ce que Denis voulait,
Son esprit lourd le contrebalançait,
Et de ce choc de folie intestine,
L’une terrestre, et celle-là divine,
Il résultait que, parmi ces combats,
Charle voulait ce qu’il ne voulait pas.
Le benoît Sire, il était diaphane :
On voyait tout, lui seul ne voyait rien ;
Faisant le mal, et croyant faire bien.
Fier et rampant, puis dévot, puis profane ;
Il présenta la raison et l’erreur
Sous tous les points. Denis, l’esprit céleste,
Voyant qu’enfin on bernait l’Empereur.
Vous l’emmena, pour y perdre son reste,
Apprendre à vivre et régner par là-haut.
Mais ce bon Roi n’en devint que plus sot.
Tel un Abbé, précepteur d’ignorance,
Promène en poste un pupille hébété
Par l’Italie, et l’Espagne, et la France ;
Fous sans folie, instruits par dignité,
Et curieux avec indifférence,
Ils ont tout vu. Sont-ils plus gens de bien ?
Je suis content, je sais mes palenôtres ;
Dans leur pays je laisse cois les autres,
C’est bien assez des sottises du mien.
Le vieux Denis, pour la céleste plage
Partit en poste, assis sur un nuage.
Il traversa tous ces globes d’argent,