Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, I, 1908.djvu/166

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Car cette Dame, implacable et terrible,
Savait par cœur les Pères et la Bible.
Heureusement pour le Magne et les Francs,
La softe avait la bonté de se croire
Essentielle à nos lis chancelans ;
Elle pensait entraîner la victoire
Chez les Saxons. Mais tout à coup leur camp,
Comme par l’art d’un noir enchantement,
Fut inondé d’erreurs et d’âneries,
De points d’honneur et de balourderies.
Chez les Gaulois on ne s’aperçut pas
Que Balourdise avait fui nos climats ;
Car il restait mille Prélats en France
Qui remplissaient sa passagère absence.
S’il plait à Dieu, nous parviendrons pourtant
À débrouiller ce grand événement.
Vous apprendrez le nœud de cette affaire ;
Vous connaîtrez le profane destin
De l’Archevêque. En attendant la fin,
Nous verrons bien des prouesses de guerre :
Les champs rougis boiront plus d’une fois
Le sang perdu des Grenadiers Gaulois.
J’aurais voulu, d’une course assurée,
Conteur succinct, sans détour parcourir
Une carrière à vos yeux éclairée,
Sans vous laisser deviner l’avenir ;
Mais, malgré moi, pas à pas je dois suivre
Mathieu Pâris, dont je traduis le livre.
Mathieu disait, que certain abandon,
Comme Vénus, embellit la raison.
La France avait un Monarque de pierre ;
Car, mes amis, êtes mémoratifs
Qu’en poursuivant les Saxons fugitifs,
L’enchantement d’une Négromancière,
À l’Empereur, bref, rompit en visière.
Avec sa troupe il se vit condensé.
Charlot jamais ne parut si sensé ;
Non que le blâme, il avait l’âme belle ;