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Se balançant sur ses jarrets mobiles,
Tantôt s’épuise en feintes inutiles,
Tantôt s’observe avec tranquillité :
Bientôt après, impétueux, terrible,
Leur bras s’anime, et vif comme l’éclair,
Agite, meut et fait briller le fer.
Les ennemis avaient repris courage,
Et Brandamar, à leur tête accouru.
Fait des Gaulois un horrible carnage.
Son corps était légèrement vêtu ;
Pour toute armure il avait sur la tête
Casque d’airain, ombragé d’une aigrette,
Et surmonté d’un dragon furieux,
Qui vomissait la flamme par les yeux.
Son bras terrible, armé d’une massue,
Comme l’éclair en tout sens se portait,
De tous côtés frappait, exterminait,
Et de loin même épouvantait la vue.
Enfant léger de l’agile Aquilon,
Son fier coursier fendait un bataillon.
Cet Infidèle étend sur la poussière
Eudes, Tavanne et l’aimable Élisaire.
Ciel ! il expire à la fleur de ses ans !
Parque cruelle, aveugle destinée !
Il ne vit point son seizième printemps !
Que deviendra sa mère infortunée,
Quand le pouvoir de son art enchanteur
Révèlera ce trépas à son cœur ?
Éleama, dans sa douleur extrême,
Du sort jaloux accusant les décrets,
Loin de son fils, ou plutôt d’elle-même,
Du mont Adule habitait les sommets.
Là s’élevait sur un rocher antique,
De son palais l’édifice magique.
Impénétrable à la clarté du jour,
Un bois terrible en fermait le contour :
On n’y voyait aucunes avenues,
Et son chemin était celui des nues :