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Amis, pour Dieu, combattez vaillamment,
Et baptisons ce peuple mécréant.
Orgut
jurant tombe aux pieds de Tavane.
Jacques Draële attaque Salamane,
Lequel, après l’aventure profane
Dont j’ai parlé, d’après Mathieu Paris,
Revint au camp et quitta nos bandits.
Les deux Héros, à Farnèse, jadis,
S’étaient trouvés chez un certain Marquis.
L’Histoire dit qu’ils y prirent querelle,
Pour un bon mot que le Gaulois Draële
S’était permis sur la voix dure et grêle
De ce Saxon qui trancha la querelle,
D’un vaillant coup de sa lance en champ clos ;
C’était ainsi qu’il payait les bons mots.
Ces deux Messieurs ici se retrouvèrent ;
Impétueux, ils se précipitèrent ;
Et furieux, le braquemart en main,
Avec fracas se heurtèrent soudain.
Figurez-vous deux lions en furie,
S’entrechoquant dans les bois d’Hircanie.
L’écho répond à leurs rugissemens,
Et de la queue ils se battent les flancs ;
Leur gueule écume, et leur langue sanglante
Jette avec peine une haleine bruyante.
Ainsi Draële et son rival fougueux
Se sont atteints d’un choc impétueux,
En mille éclats ont brisé leurs armures,
Et se sont fait de profondes blessures.
Leurs bras nerveux se sont entrelassés ;
Le Franc adroit se ploye avec souplesse ;
L’un est plus fort, et l’autre a plus d’adresse.
Tantôt courbés, et tantôt redressés,
En cent replis tout leur corps se tortille ;
Enfin leurs pieds se sont embarrassés,
Et l’un sur l’autre ils se sont renversés.
Que l’un des deux n’était-il une fille !
Le ciel au loin de leur chute frémit,