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Mon doux Jésus, céleste Chérubin !
Et le flattait d’une dévote main,
En s’écriant, toute sanctifiée :
Oh ! qu’il est doux de faire son salut !
Il ne fut pas jusqu’à sœur Abacuc,
De soixante ans tristement affublée,
Qui ne trouvât des vainqueurs insolens,
Qui, d’une main brutale et forcenée,
Lui fourrageaient une cuisse tanée,
Et chiffonnaient ses appas du vieux temps.
Il fallait voir le paillard Abanelle
Faire pâmer cette simpiternelle,
Qui, pour hâter la grâce et son effet,
De temps en temps la mesure rompait,
En agitant sa charnière rebelle.
Le vieux Sénat, dans la tour morfondu,
Disait Mon Dieu, si nous l’avions donc su !
Enfin lassés de leur débauche impure,
Tous les bandits rebattirent au champ,
Fort satisfaits de leur sale aventure,
Et les Nonnains des Saintes se croyant.
Mon cher Lecteur se rappelle sans doute
Qu’en un couvent de ces lieux fort voisin,
Antoine Organt, pour la céleste voûte,
Était parti sur la croupe d’un Saint.
Au même lieu ces Messieurs arrivèrent,
Incontinent la grand’porte ils brisèrent,
Burent le vin des Moines consternés,
À tous les Saints cassèrent bras et nés,
Prirent l’argent, les Moines caressèrent,
Non pas pourtant de ladite façon,
Mais à grands coups de dague et de bâton :
Après cela, sur leur dos ils montèrent,
Et dans la plaine à trotter les forcèrent,
Après avoir embrasé la maison.
Le Dieu du jour, las d’éclairer le monde,
Étoit rentré dans les grottes de l’onde,
Et dételait l’impétueux Phlégon.