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CHANT IX

ARGUMENT

Comment l’Aumônier George, jadis fessé, rencontra sa maîtresse Balourdise ; comment il se brouille avec icelle ; comment le Comte Blois délivra sa sœur.


Mon cher Lecteur, prenez une bouteille
Auprès de vous, et si vous fais dormir,
Buvez un coup, cela l’esprit réveille,
Ou tout au moins l’endort avec plaisir.
C’est un remède exquis, aimable, voire,
Dont se servait, quand il lisait Cottin,
L’ami Boileau, de caustique mémoire,
Et maint moderne, en lisant le Cousin ;
Au lieu d’écrire, il ferait mieux de boire ;
Il rirait mieux, et nous bâillerions moins.
S’égargnerait nos ennuis et ses soins,
Et le plaisir aurait, s’il n’a la gloire ;
Car, mes amis, l’un vaut l’autre, à mon sens :
L’un est aimable, et l’autre une cruelle,
Qui dans ses bras étouffe ses amans.
Dans l’un et l’autre, à l’égal on chancèle ;
Mais il vaut mieux chanceler dans le vin,
Que sur le Pinde, une lyre à la main.
Prenez pour vous cet avis d’importance,
Dira Piis. Êtes sot comme nous.
Soit, j’en conviens ; mais le Docteur Amphoux,
Dans un B……, prêche la continence.
Pris et moi sommes sots, j’en conviens ;
Mais malgré tout, bien que chacun le sache,
Soit vanité, soit complaisance lâche,
Nous ne saurions dissoudre nos liens.
Mais quant à moi, je n’ai pas la manie
De m’ériger en maître d’harmonie,
Et de vouloir que le Faune dansant
Accoure au bruit de mon sistre écorchant ;