Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, I, 1908.djvu/100

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHANT VII

ARGUMENT

Comment l’Ange gardien berné se vengea : comment Organt voyagea dans le Ciel, monté sur un Docteur.


Ô jeunes cœurs, c’est ainsi qu’on vous damne ;
Lancés à peine au sein du tourbillon,
Des séducteurs la criminelle adresse,
De l’innocence assiège la faiblesse,
Et par les sens lui donne la raison :
Dans une coupe aimable, enchanteresse,
Leur main adroite embaume le poison.
L’innocent boit ; adieu son innocence,
Adieu vertus, adieu paix de l’enfance.
Qu’arrive-t-il à l’esprit égaré ?
Avec l’Église et les Saints il fait schisme,
Met en oubli le dévot catéchisme,
Et les leçons de Monsieur le Curé.
Ainsi parlait d’Antoine le bon Ange,
Vilipendė naguère au cabaret,
Comme la Grâce au profane il versait.
Sur un nuage à grands pas il marchait,
Disant parfois : Il faut que je me venge !
Dans sa fureur, le front il se cogna,
Qui, sous le coup, étincelle jeta.
Il en sortit, par le même passage,
Certain projet bien méchant, quoique sage.
Ce grand dessein était de désunir
Antoine Organt, et cette Villageoise
Par qui jadis avint ladite noise :
Nice s’entend. Il sauta de plaisir ;
Et déployant ses ailes diaprées,
Et par les bords artistement dorées,
Il s’envola. derrière lui laissant
Certain rayon d’odorante lumière,
Qui jaillissait du céleste derrière,