Page:Saint-Georges et Bayard - La Fille du régiment.djvu/24

Cette page a été validée par deux contributeurs.


cevant Sulpice, bas.) Ah ! Sulpice !… eh bien ! Marie ?…


Scène XV.

Les Mêmes, Sulpice.

Sulpice, bas à la Marquise. Impossible de la décider à venir !…

La Marquise, de même. Ah ! mon Dieu !

Sulpice. Mes instances, mes prières… rien n’a réussi… elle refuse…

La Marquise. Que faire ?… que devenir ?…

Sulpice. Je la connais… elle ne viendra pas !…

La Marquise. Ô ciel !…

Sulpice. À moins, peut-être, que je ne lui dise tout !…

La Marquise. Y pensez-vous !…

Sulpice. Alors, le respect, l’obéissance… vous comprenez… elle n’osera plus !… (La Duchesse se rapproche.)

La Marquise, bas. Eh bien ! s’il faut ce dernier sacrifice… allez, et qu’elle vienne à tout prix !… (Sulpice sort.)


Scène XVI.

La Marquise, Les Invités, Le Notaire.

Le Notaire. M. Le duc Scipion, retenu par son service, à la cour, m’a fait remettre sa procuration, par laquelle il consent à s’unir à mademoiselle Marie…

La Marquise, avec orgueil. De Berkenfield !…

Le Notaire. De Berkenfield… Tous les articles du contrat étant arrêtés entre les deux familles… il ne reste plus qu’à signer !…

La Duchesse, avec colère. Signer !… mais encore une fois, madame la marquise, et votre nièce ?… on ne se conduit pas ainsi avec la première noblesse du pays !

La Marquise, à part. Ah ! je me sens mourir !…


Scène XVII.

Les Mêmes, Marie, Sulpice.

La Marquise, apercevant Marie. Ah ! c’est elle !…

Marie, s’élançant d’une voix étouffée. Ma mère…

La Marquise, l’empêchant d’achever. Marie !… mon enfant !…

Sulpice, à la Marquise. Prenez garde !… on a les yeux sur vous !…

La Duchesse. Enfin, madame la marquise…

Marie, avec effort, passant à la Duchesse. Oh ! maintenant, ce contrat… donnez… je suis prête… (On entend du bruit au dehors.)


Scène XVIII.

Les Mêmes, puis Tonio, Les Soldats.
FINALE.
Tous.
Mais, ô ciel ! quel bruit ! quels éclats !
Tonio, paraissant, aux soldats.
Suivez-moi ! suivez-moi !
Les Invités, avec effroi.
D’où viennent ces soldats ?
Chœur des Soldats.
Au secours de notre fille,
Nous accourons tous ici,
Oui, nous sommes sa famille,
Et nous serons son appui.
Mon enfant, sèche tes larmes,
Plus de crainte et plus d’alarmes,
Mon enfant, non, plus d’effroi ;
Nous voici tout près de toi.
Tonio, montrant Marie.
Ils viennent la sauver… car on la sacrifie ;
On voudrait nous ravir le bonheur et la vie ;
Et d’un mariage odieux
Lui faire, ici, serrer les nœuds.
Les Soldats, avec force.
Jamais ! jamais !
Les Invités.
Expliquez-vous !…
Tonio.
Expliquez-vous !… Je ne dois plus me taire…
Les soldats.
Marie était la vivandière,
Et la fille du régiment !
Les invités.
Une fille de régiment !
Sulpice.
Tout est connu maintenant !
Marie, s’avançant.
Quand le destin, au milieu de la guerre,
Enfant me jeta dans leurs bras,
Ils ont recueilli ma misère,
Ils ont guidé mes premiers pas !
Ils ont pris soin de mon enfance…
Ah ! mon cœur pourrait-il jamais
Oublier sa reconnaissance…
Quand j’existe par leurs bienfaits !
Les invités, se rapprochant d’elle.
Au fait, elle est charmante !
Ce noble aveu, vraiment,
Prouve une âme excellente,
Et mon cœur le comprend !
La Duchesse, à Marie, avec bonté.
Oublions le passé… signons, ma chère enfant !
Tonio, regardant Marie qui prend, la plume.
Marie, elle consent !
La Marquise, à part.
Ô ciel ! tant de douleur,
Et c’est pour moi… si soumise et si bonne,
(Courant à Marie qui va signer.)
Arrêtez ! arrêtez ! l’époux que je lui donne,
Ah ! c’est l’époux que son cœur a choisi…
Et cet époux… cet époux… le voici !
Sulpice, avec transport montrant la Marquise.
C’est bien, morbleu ! j’ crois que si j’osais,
Pour ce trait-la, j’ l’embrasserais !
La Duchesse, et Les invités.
Quel affront ! et quelle insolence.
(La Duchesse et tes invités sortent.)
CHŒUR GÉNÉRAL.
Salut à la France !
À ses beaux jours !
À l’espérance
À nos amours !
leurs




FIN.



Paris – Imprimerie de Mme Ve Dondey-Dupré, rue Saint-Louis, 46, au Marai.