chez… approchez, mon enfant ! (Elle l’embrasse.)
Marie, tendant la main à Sulpice. Bonjour, Sulpice !…
La Marquise. Elle est charmante !… Que de grâce !… de modestie !… Qui se douterait jamais qu’il y a un an, cette enfant-là… J’espère, ma nièce, qu’aujourd’hui vous allez faire honneur à nos leçons, en présence de tous les nobles du voisinage, que j’attends pour la signature de votre contrat.
Marie. Moi, ma tante !…
La Marquise. Sans doute !… vous chantez déjà fort bien… la romance, surtout !
Marie, bas à Sulpice. J’aimais mieux nos anciennes chansons !
Sulpice, de même. Et moi, donc !…
La Marquise. Nous allons essayer cette romance nouvelle, d’un nommé Garat, un petit chanteur français.
Sulpice. Un Français !… Crédié ! l’air doit être belle !
La Marquise. Sujet ravissant ! et d’un neuf !… les amours de Cypris.
Sulpice, de lui-même. Cypris !… connais pas !
La Marquise, se mettant au clavecin, à droite. M’y voici… commençons !
Marie, tristement, à part. Chantons !…
Sulpice, s’asseyant à gauche. Et nous, écoutons !
- « Le jour naissait dans le bocage,
- » Et Cypris, descendant des cieux,
- » Venait, chercher sous le feuillage
- » L’objet si tendre de ses feux !
- Nos chants étaient moins langoureux !
(Chantant à mi voix.)
- Rantanplan !
- Rantanplan !
- Rantanplan !
- Rantanplan !
- C’est le refrain du régiment !…
- Et mais ! qu’entends-je donc ?…
- Pardon ! pardon !… c’était une distraction !
(Continuant le chant.)
- » Cet amant, à qui Vénus même
- » De la valeur donnait le prix…
- » Le plus aimable…
- Allez donc !
- » Le plus aimable du pays…
- » Et de la beauté… de la beauté… »
- Bien suprême !
- Bien suprême !
- Le voilà, morbleu !
- Il est là, corbleu !
- C’est le Vingt-et-unième !
- Que dites-vous ! quoi ? l’amant de Cypris…
- L’effroi des amants, des maris,
- Et de la beauté bien suprême !
- Le voilà, morbleu !
- Il est là, corbleu !
- C’est le Vingt-et-unième.
- Ah ! quelle horreur ! Est-il possible
- De mêler un air si touchant,
- Une romance si sensible,
- Avec un chant de régiment !
- Hélas ! hélas ! votre air sensible
- Ne vaut pas nos refrains… vraiment ;
- Et je sens qu’il m’est impossible
- De les oublier maintenant.
- Continuons !
- Je le veux bien ! (Bas, à Sulpice.)
- Mais, hélas ! je n’y comprends rien !
- « En voyant Cypris aussi belle,
- » Bientôt les échos d’alentour…
- » De la jalouse Philomèle…
- » De la jalouse Philomèle…
- » Redirent les soupirs d’amour !
- » Redirent les soupirs d’amour !
- À tous les soupirs de la belle,
- Moi, je préfère le tambour.
- Ma nièce, soupirons comme elle !
- Tra la, la, la.
- La, la, la, la, la.
- Non, ce n’est pas cela…
- La, la, la, la.
- La, la, la, la, la.
- C’est trop brillant, cela…
- Tra la, la, la, la, la
- Mais c’est charmant cela…
- Tra la, la, la, la, la.
- Plus fort !
- La, la, la, la.
- Plus doux !
- La, la, la, la.
- C’est bien !
- La, la, la, la
- C’est mal !…
- Oh ! ma foi, j’y renonce…
- Au moins au régiment