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DE LA BELETTE.

Du Paſſereau


D’ond pourroit venir le martire
De tel amour ? il fault bien dire
Qu’elle procede de l’oyſeau,
Ou bien de quelque damoyſeau !
Quoy qu’il en ſoit. Le pouvre eſt mort.
Qui de regret trop me remord.
Au matin quand ie me levais
I’ouy crier ſa tendre voix,
Pi pi pi faiſoit le petit
Qui défia avoit appétit :
Il n’avoit garde de ſouffrir
Qu’autre luy vint du pain offrir
Sinon ma main qui le paiſſoit.
Comme mere il me cognoiſſoit.
Helas le petit oyſelet
Il mengeoit du miel, & du laict
Tout ainſi qu’une creature.
O Mort de perverſe nature,
Qu’as tu gaingné de le ſaiſir
Mon Dieu qu’on me faict deſplaiſir
Qu’on ne le pleure comme moy !
Ie vous prometz en bonne foy
Que tout le monde le deuſt plaindre !
Quant à moy ie le feray paindre
Pour d’une telle creature
Avoir la belle pourtraicture.
Son petit corſaige ioly,
Son petit bec ſi bien poly,
Sa petite teſte follette