Page:Saint-Gelais - Oeuvres de luy tant en composition que translation ou allusion aux auteurs grecs et latins, 1547.djvu/5

Cette page a été validée par deux contributeurs.
4
épitaphe

Qu’il ſembloit qu’elle euſt cognoiſçance
De luy debvoir obeiſſance :
Et n’euſt prins de là à demain
Autre viure que de ſa main :
Que ſi Muguet le petit chien
Qui eſtoit le plus ancien
Venoit là pour y butiner
Et elle de ſe mutiner
Et de faire une rumeur grande :
Non pour avoir de la viande
Seulement, ne de la ſaveur :
Mais pour défendre la faveur :
De la damoiſelle choiſie
D’ond elle eſtoit en jalouſie.
D’autre part ilz eſtoient contens
De donner mille paſſetemps :
L’un couroit, l’autre alloit apres :
Et l’autre le ſuivoit de pres
Se mordant col, cuiſſe, & oreille :
Oncques ne fut guerre pareille.
Mais ce qui plus d’elle plaiſoit
Eſtoit au ſoir quand lon faiſoit
Le lict de camp de ſa maiſtreſſe :
La beſte avoit bien ceſt adreſſe
De laiſſer tout, & s’approucher
De paour d’aller ailleurs coucher :
Ne la courtine eſtoit tendue
Pluſtoſt qu’elle y eſtoit rendue.
O ſage, & heureux animal