IV.
n désirant quelque herbe, fleur ou branche,
Pour m’acquitter envers vostre beaulté,
J’ay veu ung pied de saulge verte et blanche[1]
Que j’ay cueilly par especiaultc[2],
Pour vous monstrer, par le blanc, d’un costé,
Que blanche foy faict en moy demourance,
Et, si le verd[3] est pour moy escouté,
11 vous requiert me donner espérance.
V.
e qui plus tost me devrois-je complaindre,
D’Amour, de Vous, de Moy-mesme ou du Temps ?
Amour me veult à le servir contraindre ;
Vous refusez ce qu’à bon droict j’attends ;
Je vy d’espoir et nul bien ne pretends,
Et par le Temps contraint suis m’absenter.
Ainsy j’ay cause assez de lamenter,
Mais plus de Vous ; car vous estes à mesme
De me pouvoir promptement contenter
D’Amour, de Vous, du Temps et de Moy-mesme.
- ↑ La sauge étoit alors un symbole d’amour, que le poëte recueille pour s’acquitter envers sa belle de quelque faveur qu’il en avoit reçue. p. b.
- ↑ Spécialement, tout exprès. p. b.
- ↑ Le verd est un emblème d’espérance. Les dames amoureuses s’habilloient de verd : « Je rencontray dame
Nicole, laquelle estoit de verd vestue (t. I, p. 13). »
p. b.