Page:Saint-Gelais - Oeuvres completes tome 1.djvu/292

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

SONNET I.


Asseuré suis d’estre pris et lié ;
Mais asseurer ne puis l’heure et raison[1],
Que je changeay ma franchise à prison,
Dont mon orgüeil fut tant humilié.
Si long-temps fut couvert et pallié
L’amer du doulx et l’erreur de raison,
Que je cuidois en prenant la poison[2],
Estre immortel et des dieux allié.
Œuvre ne fut d’un jour ne d’une annee
Ce changement ; mais de main longue et forte
En fut la rets tissue et ordonnée ;
Dont aux effets du ciel je la rapporte,
Et aux beaux yeux qui de fatale sorte
Tournent mes ans, ma vie et destinée[3].

  1. Il diffère de Pétrarque, qui, dans le sonnet Voglia mi sprona, dit positivement que ce fut le 6 avril 1327 qu’il devint amoureux de Mme Laure. l. m.
  2.  
  3.