qu’en ces termes : Le Saint ? qui naîtra de vous. » Pourquoi donc, dit-il simplement « le Saint, » sans ajouter d’autre mot à cette appellation ? Je crois que c’est parce qu’il manquait d’un nom propre pour désigner le fruit insigne, magnifique et respectable qui devait se former de l’union de l’âme et du corps, tiré du corps très-pur de la Vierge, avec le Fils unique du Père. S’il disait la chair sainte, l’homme saint, le saint enfant ou autre chose semblable, il lui semblerait qu’il n’a point assez dit ; voilà pourquoi, sans doute, il se sert de l’expression indéfinie : « Le Saint. » Il est certain en effet, que, quel que soit le fruit qui naîtra de la Vierge il ne peut être que saint et saint par excellence, tant à cause du Saint-Esprit qui l’aura sanctifié qu’à cause du Verbe de Dieu qui se le sera uni.
Pourquoi l’Ange cite-t-il en exemple ce qui est arrivé à Élisabeth jusqu’alors stérile. Première raison. 6. Puis l’Ange ajouta : « Voilà que votre cousine Élisabeth a elle-même conçu un fils en sa vieillesse (Luc, i, 26). » Or, quelle nécessité y avait-il d’annoncer en même temps à Marie, que cette femme stérile avait aussi conçu un fils ? Était-ce pour achever de convaincre par la nouvelle de ce miracle tout récent, la Vierge qu’il voyait hésiter à croire à sa parole et conserver encore quelque doute dans l’âme ? Gardons-nous bien de le croire, car nous lisons que pour un doute pareil, Zacharie fut puni par l’Ange. Or, nous ne voyons pas que Marie ait été blâmée en quoi que ce soit, bien loin de là, nous entendons même Élisabeth la louer, en esprit prophétique, de ce qu’elle a cru : « Heureuse êtes-vous lui dit-elle en effet, vous qui avez cru, car ce qui vous a été annoncé de la part de Dieu s’accomplira en vous (Luc, i, 45). » Si donc l’Ange apprend à Marie que sa cousine, qui était stérile, a conçu un fils, c’est afin de mettre le comble à son bonheur, en lui apprenant un second miracle après le premier qu’il lui a annoncé. Or, il fallait que celle qui était sur le point de concevoir dans la joie du Saint-Esprit, le Fils de l’amour du Père, commençât par être embrasée par les doubles ardeurs de la joie et de l’amour, car il n’y avait qu’un cœur aussi parfaitement dévôt que gai, qui pouvait recevoir une telle abondance de douceur et de bonheur. Ou bien Seconde raison. la conception d’Élizabeth est peut-être annoncée à Marie parce qu’il était convenable qu’une nouvelle qui allait bientôt être connue de tout le monde, lui fût annoncée par un ange, avant qu’elle l’apprit de la bouche des hommes, de peur que la mère de Dieu ne parût étrangère à ses conseils, si elle demeurait dans l’ignorance des choses qui se passaient si près d’elle sur la terre. Il se peut aussi que la conception d’Élisabeth ait été annoncée à Marie Troisième raison. afin qu’étant instruite de la venue du Sauveur et de celle de son précurseur, et connaissant l’ordre et la date de chacune, elle fût mieux en état plus tard de faire connaître la vérité sur ce point, aux écrivains sacrés et aux prédicateurs de l’Évangile, puisqu’elle se serait trouvée ainsi dès le commencement, pleinement au courant de tous ces mystères Quatrième raison. par une révélation d’en haut. Enfin, il est possible que la conception d’Élisabeth ait été annoncée à Marie afin que, en apprenant que cette parente qui était déjà avancée en âge se trouvait grosse, elle qui était jeune songeât à lui aller rendre ses devoirs, et que, par son empressement à visiter Élisabeth, elle fournît au petit prophète qu’elle portait dans son sein, l’occasion de rendre ses précoces hommages à son Seigneur, encore plus jeune que lui, et que pendant que les deux mères se rencontreraient, les deux enfants ressentissent la présence l’un de l’autre, et qu’un premier miracle en amenât un second plus merveilleux encore.