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seule et même substance, la substance divine dans laquelle Dieu le Saint-Esprit vit et règne avec eux dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.


Quatrième homélie.

Sur les gloires de la Vierge mère.

1. On ne peut douter que ce que nous disons à la gloire de la mère nous ne le disions aussi à la gloire du Fils, de même que lorsque nous honorons le Fils, nous honorons également la mère. Car si, d’après Salomon : « Un fils sage est la gloire de son Père (Prov., x, 1), » quelle ne doit pas être la gloire de celle qui est la mère de la Sagesse même ? Mais que tenté-je de louer celle que les prophètes déclarent, que l’Ange nous montre et que l’Évangéliste proclame digne de louanges ? Je n’entreprends donc point de la louer parce que je En quel sens le trône de David a été donné à Jésus-Christ puisqu’il n’a point régné à Jérusalem. n’ose le faire, je me contente de reprendre avec dévotion ce que le Saint-Esprit a dit par la bouche de l’Évangéliste. En effet il continue son récit en ces termes : « Et le Seigueur lui donnera le trône de David son Père (Luc., i, 32). » Ce sont les propres paroles de l’Ange à la Vierge, en parlant du Fils qu’il lui a promis ; il lui donne l’assurance que ce Fils occupera le trône de David. Que le Seigneur Jésus soit de la famille de David, cela ne fait un doute pour personne. Mais je me demande comment Dieu lui a donné le trône de David son père, quand je vois non-seulement qu’il n’a jamais régné à Jérusalem, mais que même lorsque la foule projetait de le faire roi, il n’a point cédé à ses désirs et que devant Pilate, il a déclaré hautement que son « royaume n’est point de ce monde (Joan., xvii, 36). » Après tout qu’y a-t-il de grand dans la promesse qu’il s’asseoira sur le trône de David son père, faite à celui qui est assis sur les Séraphins mêmes et que le Prophète a vu sur un trône élevé et sublime (Isa., vi, 1) ? Mais nous savons qu’il est question ici d’une autre Jérusalem plus noble et plus riche que celle qui subsiste Il y a deux Jérusalem, une céleste et une terrestre. encore maintenant et dans laquelle David a régné autrefois. C’est donc de celle-là que je crois qu’il est question ici, par une figure de langage habituelle aux écrivains sacrés, qui prennent souvent le signe pour la chose signifiée. Il fut donc placé de Dieu sur le trône de David son père quand il fut établi roi par lui sur la montagne sainte de Sion. D’ailleurs le Prophète semble avoir voulu indiquer d’une manière toute particulière de quel royaume il voulait parler quand il dit qu’il régnerait non pas à Sion mais sur Sion. Car il peut se faire qu’il se soit servi du mot « sur, » parce que David régna à Sion, tandis que c’est sur Sion qu’est établi le règne de celui dont il a été parlé en ces termes à David : « J’établirai sur votre trône le fruit de votre ventre (Psalm. cxxxi, 11), » et dont il a été dit aussi par un autre prophète : « Il sera assis sur le trône de David et régnera sur son empire (Isa., ix, 7). » Vous retrouvez le mot sur dans tous ces passages, « sur Sion, sur le trône, sur le siège, sur l’empire. » Dieu lui donnera donc le trône de son père David, non pas celui qui n’était qu’une figure mais son trône véritable ; non pas son trône temporel et terrestre mais son trône éternel et céleste. Or ce trône est