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Égypte, était la figure du Christ qui, lui aussi, devait être vendu ; notre Joseph, de son côté, pour fuir la haine d’Hérode, porta le Christ en Égypte (Matth., ii, 14). Le premier, pour demeurer fidèle à son maître, ne voulut point partager le lit de sa maîtresse (Gen., xxxix, 12) ; le second, reconnaissant sa maîtresse dans la mère de son Seigneur, la vierge Marie, observa lui-même fidèlement les lois de la continence. À l’un fut donnée l’intelligence des songes, à l’autre il fut accordé d’être le confident des desseins du ciel et d’y coopérer pour sa part. L’un a mis le blé en réserve non pour lui, mais pour son peuple ; l’autre reçut la garde du pain du ciel non-seulement pour son peuple, mais aussi pour lui. On ne peut douter que ce Joseph, à qui fut fiancée la mère du Sauveur, n’ait été un homme bon et fidèle, ou plutôt le serviteur même fidèle et prudent que le Seigneur a placé près de Marie pour être le consolateur de sa mère, le père nourricier de son corps charnel et le fidèle coopérateur de sa grande œuvre sur la terre. Ajoutez à Joseph était de la famille de David, il méritait de descendre de ce roi. cela qu’il était de la maison de David, selon l’Évangéliste ; il montra qu’il descendait en effet de cette source royale, du sang même de David, ce Joseph, cet homme noble par sa naissance, mais plus noble encore par le cœur. Oui, ce fut un digne fils de David, un fils qui n’était point dégénéré de son père ; mais quand je dis qu’il était un digne fils de David, je dis non-seulement selon la chair, mais pour sa foi, pour sa sainteté et pour sa dévotion. Dieu le trouva en effet comme son aïeul David un homme selon son cœur, puisqu’il lui confia son plus saint mystère, lui révéla les secrets les plus cachés de sa sagesse, lui fit connaître une merveille qu’aucun des princes de ce monde n’a connue, lui accorda la grâce de voir ce dont la vue fut ardemment désirée mainte fois par une foule de rois et de prophètes, d’entendre celui qu’ils n’ont point entendu ; non-seulement il lui fut donné de le voir et de l’entendre, mais il eut l’honneur de le porter dans ses bras, de le conduire par la main, de le presser sur son cœur, de le couvrir de baisers, de le nourrir et de veiller à sa garde. Il faut croire que Marie ne descendait pas moins que lui de la maison de David, car elle n’aurait point été fiancée à un homme de cette royale lignée, si elle n’en eût point été elle-même. Ils étaient donc l’un et l’autre de la famille royale de David ; mais ce n’est qu’en Marie que se trouva accomplie la promesse véridique que le Seigneur avait faite à David, Joseph ne fut que le témoin et le confident de son accomplissement.

Explication du nom de Marie, éloge de ce nom. 17. Le verset de l’Évangéliste se termine ainsi : « Et le nom de la vierge était Marie. » Quelques mots sur ce nom de Marie, dont la signification désigne l’étoile de la mer : ce nom convient merveilleusement à la Vierge mère ; c’est en effet avec bien de la justesse qu’elle est comparée à un astre, car de même que l’astre émet le rayon de son sein sans en éprouver aucune altération, ainsi la vierge a enfanté un fils sans dommage pour sa virginité. D’un autre côté, si le rayon n’enlève rien à l’éclat de l’astre qui l’émet, de même le Fils de la Vierge n’a rien diminué à sa virginité. Elle est en effet la noble étoile de Jacob qui brille dans les cieux, rayonne dans les enfers, illumine le monde, échauffe les âmes bien plus que les corps, consume les vices et enflamme les vertus. Elle est belle, et admirable Exhortation au culte de Marie. cette étoile qui s’élève au dessus du vaste océan, qui étincelle de qualités et qui instruit par ses clartés. Ô vous qui flottez sur les eaux agitées de la