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Sur les gloires
de la Vierge mère




Homélies au nombre de quatre sur ces paroles de l’Évangile :
Missus est angelis Gabriel




Préface.

Bernard était malade quand il composa ces quatre homélies.

Je voudrais écrire quelque chose, mais mes occupations y mettent obstacle. Néanmoins, comme le mauvais état de ma santé ne me permet pas en ce moment de me réunir à mes frères, je veux mettre à profit le peu de loisirs qu’il m’est possible de me procurer en prenant un peu sur mes nuits. Je vais donc essayer, comme j’en éprouve depuis longtemps le désir, d’écrire quelque chose sur les gloires de la Vierge Mère, à l’occasion du passage de l’Évangile où saint Luc nous rapporte l’histoire de l’Annonciation de Notre Seigneur. Bien que je ne sois point porté à entreprendre cet ouvrage par la pensée que mes frères, dont je dois avoir les progrès à cœur, en aient besoin ou puissent en tirer quelque avantage, pourtant puisque je puis m’y livrer, et, par ce moyen, me préparer même à pouvoir satisfaire d’une manière moins imparfaite à leurs besoins, je ne crois pas faire quelque chose qui leur déplaise si je cède à mon propre attrait.


Première homélie.

« L’ange Gabriel fut envoyé de Dieu en une ville de Galilée appelée Nazareth, à une vierge qui avait épousé un homme nommé Joseph, et cette vierge s’appelait Marie. »

Indication des mystères

1. Dans quelle pensée l’Évangéliste a-t-il affecté d’entrer, en cet endroit, dans un tel détail de noms propres ? Sans doute c’est parce qu’il veut que nous prêtions à son récit une attention égale au soin qu’il apporte lui-même à le faire. En effet, il nous fait connaître, par leurs propres noms, le messager qui est envoyé, le Seigneur qui l’envoie, la Vierge à qui il est envoyé et le fiancé de cette vierge, dont il va jusqu’à nous dire la famille, la ville et le pays. Pourquoi cela ? A-t-il agi ainsi sans motif ? Gardons-nous de le croire. Car s’il est vrai qu’il ne tombe pas une feuille d’un arbre, pas un passereau du ciel sans la permission de notre Père qui est dans les Cieux (Matth., x) ; je ne puis croire