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Tant il avait de grâce et d’éloquents appas,
A prouver qu’en l’aimant il ne l’offensait pas…

Six ans étaient passés sans aucune espérance
De la pouvoir gagner par la persévérance,
Quand il la rencontra, comme elle allait chasser
Un chevreuil que ses chiens venaient de relancer.
Quiconque a vu l’honneur des nymphes bocagères
Au milieu des genêts, des houx et des fougères,
En quête d’un sanglier qu’avec ardeur et soin
Elle appelle au combat, l’arc et la flèche au poing,
Se peut imaginer l’aspect grave et céleste,
L’équipage, l’habit, la stature et le geste
De la belle Sylvie entrant dedans le bois
Pour atteindre la proie et la mettre aux abois.

Soudain que Lyrian, comblé d’inquiétude,
Eût ainsi découvert en cette solitude
Celle à qui ses douleurs demandaient du secours,
En courant après elle lui tint ce discours :

As-tu donc résolu, Sylvie,
De fermer l’oreille à mes cris
Et les yeux à mes doux écrits,
Qui parlent si bien de ta vie ?
As-tu fait avecque mon sort
Que mon aventure soit telle,
Pour t’ avoir rendue immortelle,
Qu’il faille me donner la mort ?…