Après ce jugement final
Donné sur le saint tribunal
Devant qui Dieu veut qu’on réponde,
Je crois que le haut élément
Ne fait déjà de tout le monde
Qu’un globe de feu seulement.
Les étoiles tombent des cieux,
Les flammes dévorent la terre,
Le mont Gibel* est en tous lieux,
Et partout gronde le tonnerre,
La salamandre est sans vertu,
L’asbeste* passe pour fétu,
La mer brûle comme eau-de-vie,
L’air n’est plus que soufre allumé,
Et l’astre dont l’aube est suivie
Est par soi-même consumé.
Les métaux, ensemble fondus,
Font des rivières précieuses ;
Leurs flots bouillants sont épandus
Par les campagnes spacieuses.
Dans ce feu, le dernier des maux,
Tous les terrestres animaux
Se consolent en quelque sorte,
Du déluge à demi vengés,
En voyant ceux que l’onde porte
Aussi bien comme eux affligés.
Page:Saint-Amant - 1907.djvu/62
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.