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Le soleil s’y fait si bien voir,
Y contemplant son beau visage,
Qu’on est quelque temps à savoir
Si c’est lui-mesme, ou son image,
Et d’abord il semble à nos yeux
Qu’il s’est laissé tomber des cieux.

Bernières, pour qui je me vante
De ne rien faire que de beau,
Reçois ce fantasque tableau
Fait d’une peinture vivante.
Je ne cherche que les déserts,
Où, rêvant tout seul, je m’amuse
A des discours assez diserts
De mon génie avec la muse ;
Mais mon plus aimable entretien
C’est le ressouvenir du tien.

Tu vois dans cette poésie,
Pleine de licence et d’ardeur,
Les beaux rayons de la splendeur
Qui m’éclaire la fantaisie :
Tantôt chagrin, tantôt joyeux,
Selon que la fureur m’enflamme,
Et que l’objet s’offre à mes yeux,
Les propos me naissent en l’âme,
Sans contraindre la liberté
Du démon qui m’a transporté,