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le Palais de la Volupté sans être touchée de quelque désir d’en goûter les délices ? L’Andromède et l’Arion, sont-ce pas d’assez hardis essais de ce fort génie pour faire espérer à notre langue un poème héroïque ? Enfin, tant d’autres poènaes, ou pour l’amour ou pour la joie, et qui sont partout embellis des vrais ornements de l’art et des richesses de la nature, doivent-ils pas faire confesser à tout le monde que monsieur de Saint-Amant mérite autant qu’aucun autre qui ait jamais été le titre de vrai poète ?

L’étroite amitié qui s’est inviolablement conservée entre nous depuis plusieurs années ne saurait, devant de bons juges, rendre ce discours suspect d’aucune flatterie. Je voudrais bien que ce fût ici un lieu à propos de parler aussi bien de la bonté de ses mœurs comme de la bonté de ses œuvres ; mon inclination s’étendrait bien volontiers sur ce sujet. Et combien qu’il m’ait fait passer pour vieux et grand buveur dans ses vers, avec la même injustice qu’on a écrit dans tous les cabarets de Chaudière, qu’on dit qui ne but jamais que de l’eau, si est-ce que, pour me venger agréablement de