Abordant son sujet, il décrit la nuit et raconte que la Lune s’est adressée à lui « en langage de Planette » :
Quoi ? le noble pouvoir de l’immense Nature,
Qui sous le Créateur régit la Créature,
Aura donc travaillé des dix siècles entiers
Avecque plus de soin qu’aux plus âpres métiers,
À former un métal au centre de la terre,
À le produire en paix, à le produire en guerre.
Pour le voir envahir par tant de viles mains,
À l’aspect du flambeau qui le donne aux humains ?
La Lune continue en déplorant que l’insolente Maltôte « aux ongles de Harpie » ait ravi tout l’or de la Terre…
Elle espère que Louis mettra fin à ces abus. Ici nouvel éloge du roi qu’elle a regardé chasser, et « se promener en pompe ainsi qu’un demi-dieu », se baigner la nuit :
Tantôt, quand pour jouir de la fraîcheur liquide,
Vers son ample canal sa volonté le guide,
Et qu’étalant à nu les charmes de son corps,
Il fait voir à mon œil tant de mâles trésors ;
Je m’ouvre tout entière à l’amour du spectacle,
Pour le contempler mieux je force tout obstacle,
Et crie en le voyant tout prêt fendre l’eau,
Jamais Endymion ne me sembla si beau !
Mais en ce cher moment, à peine il coupe l’onde,
Que mon œil est saisi d’une crainte profonde.
Il craint quelque désastre ; et d’un front en sueur
J’en fais frémir mon sein, et trembler ma lueur.
Cependant, de ma crainte il semble qu’il se moque ;
Il bat l’eau qui le baise, il bat l’eau qui le choque ;
Il s’y fait un sentier de ses bras vigoureux,
Le sentier en écume, en bouillonne sur eux ;
Ses mains, ses belles mains l’agitent et le percent,
Tandis que ses beaux pieds le poussent, le renversent,
Et qu’en l’émotion qui s’approche et s’enfuit
Un murmure ondoyant le devance et le suit.