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LKTTUES ET PREFACES 229

exemples dans son livre intitulé la Sampogna. Ce sont des descriptions de quelques aventures célèbres dans la Fable ancienne, qui s’appellent en grec Idi- lios, à ce que j’ai ouï dire : car, Dieu merci, ni mon grec ni mon latin ne me feront jamais passer pour pédant ; que si vous en voyez deux ou trois mots en quelques endroits de ce livre, je vous puis bien as- surer que ce n’est pas de celui de l’Université. Mais une personne n’en est pas moins estimable pour cela et tous ceux qui sauront que Homère, sans entendre d’autre langue que celle que sa nourrice lui avait enseignée, n’a pas laissé d’emporter le prix sur tous les poètes qui sont venus après lui, ne jugeront pas qu’un bon esprit ne puisse rien faire d’admirable sans l’aide des langues étrangères. Il est vrai que la conversation familière des honnêtes gens, et la diver- sité des choses merveilleuses que j’ai vues dans mes voyages, tant en l’Europe qu’en l’Afrique et en l’A- mérique, jointes à la puissante inclination que j’ai eue dès ma jeunesse à la poésie, m’ont bien valu une étude. Au reste, une langue n’est pas une science ; les parties dont l’àme est composée se trouvent aussi bien aux Français qu’aux Romains. L’imagina- tion, l’entendement et la mémoire n’ont point de nation affectée, et pourvu qu’on les veuille cultiver avec quelque soin, elles portent du fruit indifférem- ment en toutes sortes de climats. J’avoue qu’il faut qu’un avocat sache le latin pour alléguer les lois de