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moïse sauve 207

Y goûter le repos, voir son âme allégée

Du grave faix de soins dont elle était chargée, Et pour jouir surtout, en si belle maison, Des rustiques douceurs de la verte saison.

On y voyait des pins se hausser jusqu’aux nues ; Cent files d’orangers fermaient ses avenues, Où les yeux admiraient, sous un ciel pur et beau, Le printemps et l’automne en un même rameau. Les charmes des regards, les riantes prairies, Capables d’égayer les mêmes rêveries De l’esprit le plus sombre et le plus languissant ; L’odeur que les zéphirs dérobaient en passant, Les grâces de l’été, les bois et les fontaines,

Y bannissaient des cœurs les soucis et les peines ; Et jamais en ces bords, de verdure embellis, L’hiver ne se montra qu’en la neige des lis.

Cette chaste princesse, au monde infortunée Devivre sous le joug d’un ingrat hyménée. Et dolente de voir, en son espoir détruit, Que la fleur de ses ans ne laissait point de fruit, Allait souvent passer en cette solitude Les plus fâcheux moments de son inquiétude. Et même en ce beau lieu par bonheur elle était Le jour que mon héros sur les ondes flottait.

Là tantôt cette nymphe en vertus sans seconde, Pour vaincre les ennuis de sa couche inféconde, Avec ses nobles doigts maniait le pinceau, Ou, prenant les honneurs du riche vermisseau