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D’aller périr en l’onde ils ne s’attendent pas ;
Ils font trembler la terre ; et toi, tyran impie
Que le dard en la main déjà la mort épie,
Toi, prodigue d’orgueil, tu ne sais pas non plus
Qu’en un tombeau flottant tu vas être reclus...


Ve ÉPISODE

le calme

    Ces propos achevés, le Calme et ses compagnes
Prennent soudain leur vol sur les molles campagnes ;
L’ange brille à la tête, et des flots aplanis
Les vents séditieux aussitôt sont bannis ;
Zéphire et le beau temps, suivant leur course ailée,
D’un branle agile et doux rasent l’onde salée,
Désembarrassent l’air de nuages épais,
Et de leurs doigts sereins partout sèment la paix.
Les nageurs écaillés, ces sagettes* vivantes
Que nature empenna d’ailes sous l’eau mouvantes,
Montrent avec plaisir en ce clair appareil
L’argent de leur échine à l’or du beau soleil.
Enfin l’ange et sa troupe en un moment se rendent
Sur la terre où du Nil les rivages s’étendent ;
Borée, à leur abord de l’Égypte chassé.
S’en retourne en prison sous le pôle glacé ;
Le fleuve est un étang qui dort au pied des palmes
De qui l’ombre, plongée au fond des ondes calmes.
Sans agitation semble se rafraîchir.