Page:Saint-Amant - 1907.djvu/223

Cette page n’a pas encore été corrigée

Dans l’ennuyeux séjour d’une obscure volière, Où, la laissant languir, un maître dédaigneux En a remis la charge à des gens peu soigneux, Qui font que bien souvent la malheureuse endure, Sur de tristes rameaux dépouillés de verdure, Et la soif et la faim, et qu’au lieu de chanter, Elle traîne sa voix et l’use à lamenter, Si quelque doux moyen à sa liberté s’ouvre, Et que de l’air des champs le bien elle recouvre, Elle peut figurer les excès du plaisir Dont se sent Israël émouvoir et saisir : Car, ainsi que les uns, d’un fidèle ramage Bénissent le soleil qui dore leur plumage, Les autres tout de même, au sortir de ce lieu, Par des hymnes sacrés rendent louange à Dieu, fe" Mais j ’aperçois déjà cette excessive joie D’une extrême frayeur être faite la proie ; Ce peuple s’est à peine à l’Égypte ravi. Que de toute l’Égypte il se voit poursuivi. Le monstre, en qui n’ont pu tant d’âpres médecines De la rage obstinée arracher les racines. L’orgueilleux Pharaon, qu’un coupable regret Comble d’un repentir félon, noir et secret. Aussitôt en son cœur rétractant sa parole. S’arme, jure sa perte, et sur un char qui vole, Ceint d’escadrons épais, s’élance après ses pas. Et pousse devant soi l’audace et le trépas. Au bord de l’onde rouge il l’atteint et l’assiège ;