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Le païen, confondu de voir que son épée S’est en ce grand effort à son poing échappée, Tourne vite à Moïse, et, sur lui se jetant, De jambes et de bras le saisit à l’instant. Moïse le reçoit : à la lutte ils se nouent, Ramassent leur vigueur, des mains s’entre-secouent, Soufflent, grincent les dents, déchirent leurs habits. De leurs yeux enflammés font d’étranges rubis, Tentent mille desseins, et, redoublant leurs forces, Se donnent l’un à l’autre entorses sur entorses ; Ils changent de posture, ils brûlent d’action. Et l’eau que rend leur corps en cette oppression Montre qu’ils n’ont en eux muscle, artère, ni veine, Ni nerf, qui ne frémisse et ne s’enfle de peine ; Et mon œil agité voit en leur mouvement Leurs pas sur le sablon empreints confusément.

Courage ! du païen la valeur diminue ; La force de son ire est en vain soutenue, Il fléchit, et l’Hébreu, terminant le combat, L’étreint, le fait gémir, le soulève, l’abat. . . Enfin, avec le sang que ses blessures versent. Sa vie et ses esprits s’en vont et se dispersent ; Il pousse en l’air son âme et ses derniers sanglots, Et nage eu un ruisseau fait de ses propres flots.

IVe ÉPISODE

PASSAGE DE LA MER ROUGE

Une troupe d’oiseaux de longtemps prisonnière