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Telle que dans l’horreur d’une forât épaisse
Une biche craintive, et que la soif oppresse,
Quitte à regret son faon, depuis peu mis au jour,
Quand pour chercher à boire aux fosses d’alentour,
Ayant au moindre bruit les oreilles tendues,
On la voit s’avancer à jambes suspendues,
Faire un pas, et puis deux, et soudain revenir,
Et de l’objet aimé montrant le souvenir,
Montrer en même temps, par ses timides gestes.
Le soupçon et l’effroi des images funestes
Oui semblent l’agiter pour autrui seulement :
Telle iiit Jocabel en son éloignement.

IIe ÉPISODE

AU BORD DU NIL

Le grave Mérary, s’exerçant la mémoire,
De l’illustre Jacob contait ainsi l’histoire.
Et le couple discret, à sa bouche pendu.
Gardait à ses propos tout le silence dû.
Quand un monstre cruel, qui nage et qui se treuve
Tantôt dessus la rive et tantôt dans le fleuve.
Un amphibie énorme, un traître qui se plaint,
Qui pour l’homme attraper les pleurs de l’homme feint
Sort du Nil tout à coup, rampe sur l’herbe émue.
De ses louches regards vient surprendre leur vue,
Rompt du noble discours le fil si bien tramé.
Et soit que, sous l’instinct d’un désir affamé.