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Où Nature les estale
Reluisoient à l’heure ainsi ?

D’ailleurs estoit-il croyable,
Et pouvait-on concevoir,
Qu’en un climat effroyable
Rien de si doux se peust voir ?
Ny qu’au milieu de l’Afrique
À qui le chant qui la pique
Noircit mesme jusqu’au sang,
Parmy des visages sombres
Où les corps passent pour ombres,
Il s’en trouvast un si blanc ?

Pendant qu’il la considere,
Bien que la discretion
En tous ses regards modere
La trop libre intention,
Elle pleure, elle souspire,
Tournant en bas, sans rien dire,
Ses yeux de honte animez ;
Et pense, au dueil qui l’emporte,
Se cacher en quelque sorte
Quand elle les a fermez.

Quelle influence perverse,
Luy dit-il, plein de pitié,
Dessus vostre teste verse
Sa cruelle inimitié ?
Dites-moy quelle fortune
Ose vous estre importune,
Beauté dont je suis espris,
Et me declarez encore
Sous quel nom on vous adore,
Si vous n’estes point Cypris.

Ô cieux ! quelle barbarie !
Quel execrable attentat !