Les estoiles tombent des cieux,
Les flâmes devorent la terre,
Le mont Gibel[1] est en tous lieux,
Et par tout gronde le tonnerre.
La salamandre est sans vertu,
L’asbeste[2] passe pour festu,
La mer brusle comme eau-de-vie,
L’air n’est plus que soufre allumé,
Et l’astre dont l’aube est suivie
Est par soy-mesme consumé.
Les metaux, ensemble fondus,
Font des rivieres precieuses ;
Leurs flots bouillants sont espandus
Par les campagnes spacieuses.
Dans ce feu, le dernier des maux,
Tous les terrestres animaux
Se consolent en quelque sorte,
Du déluge à demy vengez,
En voyant ceux que l’onde porte
Aussi bien comme eux affligez.
L’unique oyseau[3] meurt pour tousjours,
La nature est exterminée,
Et le Temps, achevant son cours,
Met fin à toute destinée.
Ce vieillard ne peut plus voler ;
Il se sent les ailes brusler
Avec une rigueur extresme ;
Rien ne le sçauroit secourir ;
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