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Saturne a l’influence heureuse,
Et Phebus, plein de passion,
Aide, en sa chaleur vigoureuse,
À faire éclorre l’alcyon.

Tout ce qu’autrefois j’ay chanté
De la mer, en ma Solitude,
En ce lieu m’est représenté,
Où souvent je fay mon estude.
J’y voy ce grand homme marin[1]
Qui d’un veritable burin
Vivoit icy dans la memoire.
Mon cœur en est tout interdit,
Et je me sens forcé d’en croire
Bien plus qu’on ne m’en avoit dit.

Il a le corps fait comme nous,
Sa teste à la nostre est pareille,
Je l’ay veu jusques aux genous,
Sa voix a frappé mon oreille,
Son bras d’escailles est couvert,
Son teint est blanc, son œil est vert,
Sa chevelure est azurée.
Il m’a regardé fixement,
Et sa contenance assurée
M’a donné de l’estonnement.

Un portrait qui n’est qu’ebauché
Represente bien son visage ;
Sous du poil son sein est caché.
Il a des mains le libre usage ;
De la droitte il empoigne un cor
Fait de nacre aussi rare qu’or,
Dont les chiens de mer il assemble.
Je puis croire un Glauque aujourd’huy ;

  1. Comparez le Géant du cap, de Camoëns.