Quand Jupiter ouvrit les cieux
Pour nous envoyer le deluge,
Et, se sauvans sur leurs rameaux,
À peine virent-ils les eaux.
Que sur cette espine fleurie
Dont le printemps est amoureux,
Philomele, au chant langoureux,
Entretient bien ma resverie !
Que je prens de plaisir à voir
Ces monts pendans en precipices,
Qui, pour les coups du desespoir,
Sont aux malheureux si propices,
Quand la cruauté de leur sort,
Les force a rechercher la mort !
Que je trouve doux le ravage
De ces fiers torrens vagabonds,
Qui se precipitent par bonds
Dans ce vallon vert et sauvage !
Puis, glissant sous les arbrisseaux,
Ainsi que des serpens sur l’herbe,
Se changent en plaisans ruisseaux,
Où quelque Naïade superbe
Regne comme en son lict natal,
Dessus un throsne de christal !
Que j’aime ce marets paisible !
Il est tout bordé d’aliziers,
D’aulnes, de saules et d’oziers,
À qui le fer n’est point nuisible.
Les nymphes, y cherchans le frais,
S’y viennent fournir de quenouilles,
De pipeaux, de joncs et de glais[1] ;