Page:Saint-Amant - Œuvres complètes, Livet, 1855, volume 1.djvu/71

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LA SOLITUDE.

À Alcidon[1].


Ô que j’ayme la solitude !
Que ces lieux sacrez à la nuit,
Esloignez du monde et du bruit,
Plaisent à mon inquietude !
Mon Dieu ! que mes yeux sont contens
De voir ces bois, qui se trouverent
À la nativité du temps,
Et que tous les siecles reverent,
Estre encore aussi beaux et vers,
Qu’aux premiers jours de l’univers !

Un gay zephire les caresse
D’un mouvement doux et flatteur.
Rien que leur extresme hauteur
Ne fait remarquer leur vieillesse.
Jadis Pan et ses demy-dieux
Y vindrent chercher du refuge,

  1. Ce nom allégorique désigne Bernières. Le poème de la Solitude a été imité par Théophile, Vion Dalibray, Arnaud, le P. de Bussières, Chaulieu, de Villiers, etc. — Dans les œuvres de Théophile on trouve, parmi les pièces qui lui furent envoyées par ses amis, un texte du poème de Saint-Amant différent du texte imprimé dans les éditions de l’auteur.