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Mon roy des vilains museaux
À l’ouvrage a voulu mordre.
Un vieux haillon de mouchoir,
Fidèle amy du tranchoir,
Et tout tacheté de sausses,
Dans la fente de mes chausses
La lessive a laissé choir.

La puante savonnette
Dont le ladre m’a servy
Me honnissoit à l’envy
De l’eau qui n’estait point nette.
Ses doigts, qui m’ont fagotté,
Surpassoyent en aspreté
Ceux d’un meneur de charrue,
Et mainte noire verrue
En relevoit la beauté.

Quiconque a veu la peinture
D’un singe qui raze un chat
Peut avecques du crachat
Nous peindre en cette posture.
Mes petits yeux, estonnez.
Par des regars contournez
Lorgnoyent mon tondeur de laine,
Et le musc de son haleine
Me faisoit tordre le nez.

D’une jambette esbrechée,
Comme d’un vil Jean-Flactin,
Ce faux et sale mastin
M’a la gorge de-hachée.
En ce moment, j’avois beau
Jurer sur un escabeau
Dont l’assiette estait desjointe,
Il poussoit tousjours sa pointe,
Et rioit de mon tout beau.