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LE BARBEROT

caprice[1]


J’ay mis aujourd’hui ma vie
Entre les mains d’un Anglois,
Et j’ai cru plus de cent fois
Qu’elle alloit m’estre ravie.
Un barberot maladroit,
Me charcutant par l’endroit
Où s’entonne le breuvage,
Vers l’onde au morne rivage
M’a presque envoyé tout droit.

Jamais horrible fantosme
Ne me donna tant d’effroy ;
Jamais aucun tant que moy
Ne s’en dut plaindre à saint Cosme.
Ce tiercelet d’assassin,
Propre comme un marcassin
Qui parmy l’ordure grongne,
A fait, pour laver ma trongne,
D’un pot de chambre un bassin

Sans estaler en bel ordre
Bons peignes, ni bons ciseaux,

  1. Cette pièce et les deux sonnets précédents furent faits en Angleterre, l’an 1643, lorsque Monseigneur le comte de Harcourt y était en ambassade extraordinaire. (S.-A.)