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Lors que l’on parle de Clanleu,
Chascun aux plaintes je convie.

La fin du brave Chastillon[1]
À mon grand regret nous en paye ;
Elle est dure à maint bataillon
La fin du brave Chastillon,
Et sa belle, en noir cotillon[2],
La pleure à Saint-Germain-en-Laye.
La fin du brave Chastillon
À mon grand regret nous en paye.

Cette rare et triste beauté
Au desespoir s’en abandonne ;
Elle en est dans l’impiete
Cette rare et triste beauté,
Et non plus qu’au sort detesté
À soy-mesme elle ne pardonne.
Cette rare et triste beauté
Au desespoir s’en abandonne.

Pardonne-moy pourtant, Iecteur,
Si contre mes regles je peche ;
Ces vers sentent le grave autheur ;
Pardonne-moy pourtant, lecteur.

  1. Le duc de Châtillon, qui combattoit dans l’armée de Condé, fut tué à ce même combat de Charenton. En lui s’éteignit la branche aînée de Coligny. — 9 février 1649.
  2. La duchesse de Châtillon étoit belle comme un ange, disent les Mémoires de Mademoiselle, qui lui est assez peu favorable. Après la mort de son mari, elle fit la coquette avec le prince de Lorraine, qui la dédaigna. On trouve son portrait par elle-même a la fin des Mémoires de Mademoiselle, Maestricht, 1776, t. 8, p. 302. Elle se donne un singulier éloge : « On ne peut pas, dit-elle, avoir la jambe ni la cuisse mieux faite que je l’ai, ni le pied mieux tourné. »