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C’est allier l’orage à la bonace ;
Nostre interest doit ceder tout au sien,
Et nostre mal s’esjouïr de son bien.
Elle est heureuse, et le saint hymenée
Fait resplendir sa belle destinée ;
Elle est contente, et ce grand roy du Nort
En ses liens n’a pas un moindre sort.
Les beaux lauriers qu’en tant d’actes illustres
Ce Mars cueillit dès ses plus jeunes lustres
Prennent plaisir à voir sous l’œil du jour
Briller entre eux les mirtes de l’amour ;
Ils leur font place en la verte couronne
Qui dignement ses temples environne,
Et leur esclat est si vif et si doux
Que sur son chef l’or mesme en est jaloux.
Ha ! cher amy, que je te porte envie,
Lorsque je songe au bon-heur de ma vie !
Que la fortune est affable pour toy,
Et que les dieux ont beny ton employ !
Tu vois brusler d’une ardeur conjugale
Ce noble couple, à qui rien ne s’esgale ;
Tu vois leur front, où luit la majesté,
Comme en un trosne à l’honneur affecté ;
Tu vois fleurir l’union de leurs ames ;
Tu vois l’accord de leurs pudiques flames ;
Tu vois leur foy, leurs respects mutuels,
Leurs saints desirs, leurs biens perpetuels,
Leurs doux transports, leurs loyales caresses,
Leur amitié, leur grace, leurs tendresses ;
Et moy, chetif, je ne voy rien icy
Qui de les voir m’allege le soucy.
Je ne voy rien en ces bords maritimes
Osté les cieux, les monts et les abîmes,
Que le theatre ondoyant, vaste et bleu,
Du fier Neptune, où maint terrible jeu