Page:Saint-Amant - Œuvres complètes, Livet, 1855, volume 1.djvu/468

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Qui de mes vers luy parles tous les jours,
Qui le premier entames le discours
De cet ouvrage où ma plume hardie
Le grand Moyse à sa gloire dedie,
Et qui sans fin excites ses bontez
À m’accabler de generositez.
Les traits charmans de tes nobles missives
M’en font bien voir les graces excessives !
Ils servent bien d’infaillibles tesmoins
Que mon nom regne en tes fideles soins,
Et que l’oubly, ce noir fils de l’absence,
N’a peu porter son ingrate licence
Jusques au point d’esteindre le flambeau
D’une amitié qui doit vivre au tombeau !
Tu m’en promis la douceur perdurable
Quand ce bel astre au monde incomparable,
Ce rare objet de gloire et de vertu,
Ce don du ciel de cent dons revestu,
Ce clair prodige où brillent les merveilles
Qui desormais exerceront mes veilles,
Ce cœur, cette ame, aux doux charmes vainqueurs,
Les seuls plaisirs des ames et des cœurs ;
Quand, dis-je enfin, ces beaux yeux nous quitterent.
Et de Paris Paris mesme emporterent,
Laissans la cour en un estat pareil
À l’hemisphere au depart du soleil.
Combien alors d’yeux changez en fontaines
Firent rouler de larmes incertaines !
Combien de cris, à double fin aigus,
Furent meslez de souspirs ambigus !
Il m’en souvient, nostre perte, et la gloire
De cet objet si cher à la memoire,
Rendent encor mes sentimens douteux,
Et ma raison vacille devant eux.
Mais ces propos hors de propos je trace :