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Dont aujourd’huy ton bras est revestu.
Cette faveur non sans cause j’implore :
Un rare objet, que le ciel mesme adore,
Une deesse, un miracle charmant,
Dont sur la terre est le seul digne amant
Le plus auguste et le plus grand monarque
Qui sous l’arctique ait fait luire la marque
Qu’au front des roys grave le roy des dieux,
En ton sejour va monstrer ses beaux yeux.
Mais, tu le sçais, des-jà la Renommée
En a partout la nouvelle semée ;
Des-jà le bruict de ton proche bon-heur,
Des-jà l’eclat d’un si sublime honneur,
A disposé, par sa fameuse course,
Le pole mesme à donner à son ourse
Une autre forme, un plus benin aspect,
Et la nature approuve son respect.
Donc, ô demon qui regnes sur la glace,
Puis qu’un devoir porte à changer de face
Les feux du ciel, dont tu reçois la loy,
On n’en peut pas attendre moins de toy.
Aussi des-jà, flatté de cet exemple,
Je me prepare à te bastir un temple
Si magnifique et si noble en autels,
Qu’il ravira tous les cœurs des mortels.
Là de cristal ton image formée
Rendra la veue esblouye et charmée ;
Là sur ton chef cent vigoureuses fleurs
Qui de l’esté dedaignent les chaleurs
Feront en rond voir leur lustre superbe,
Et sous tes pieds mainte feuille et mainte herbe
Que le froid garde afin de te parer ;
Diront aux yeux qu’on te doit reverer
Comme le seul qui couve et fortifie
Les biens qu’aux champs le laboureur confie,