Page:Saint-Amant - Œuvres complètes, Livet, 1855, volume 1.djvu/451

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il excitoit par l’action,
Et sa main parloit pour sa langue.

Il avoit l’eclat et le port
D’un formidable et jeune Alcide,
Et son bras ne faisoit effort
Qui ne fist un noble homicide.

Pieux arrachez, monts debatus,
Forts conquis malgré tous obstacles,
Furent de ses fieres vertus
Les spectateurs et les spectacles.

Il est vray qu’en ce rude chocq,
Si l’aigle fut mis en desroutte,
De nostre part maint brave cocq
Versa du sang à grosse goutte.

Il en fut occis plus de trois ;
Mais toute ame aux combats experte
Dira qu’en guerre quelquesfois
C’est une espargne qu’une perte.

Un homme à propos hazardé
Souvent en sauve une centaine,
Et qui n’entend ce coup de dé
Ignore l’art de capitaine.

En suitte rien ne coustera,
Ny rampars, ny murs ceints de fleuves ;
Philipsbourg, Spire, et cætera[1],
En sont les incroyables preuves.

  1. Ce dernier mot désigne Mayence, et annonce la bataille de Nordlingue, ou le duc d’Enghien faillit être pris, mais d’où cependant il sortit vainqueur. — La retraite de Mercy le Preux, comme l’appelle Saint-Amant, fait le plus grand honneur à ce général.