Page:Saint-Amant - Œuvres complètes, Livet, 1855, volume 1.djvu/45

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

celle, mais simplement ce que l’auteur y voyoit lui-même, une idylle, astreinte à moins de majesté, accessible à plus de détails d’une vérité familière que les épopées de Chapelain ou du Père Lemoine. C’est faute d’avoir voulu juger le Moïse d’après son titre que Boileau se moque, en vers charmants, du passage où l’auteur

Peint le petit enfant qui va, saute, revient
Et joyeux a sa mère offre un caillou qu’il tient.

Ce n’étoient pas des critiques de ce genre qu’adressoit à Saint-Amant le savant Samuel Bochart. Lorsque parut le Moïse, il lui envoya ses observations, non plus aiguisées par une ironie piquante, du moins si elle étoit déplacée, mais hérissées de citations polyglottes dont le pédantisme dut terriblement alarmer Saint-Amant. Toutefois, le poète tint grand compte des remarques critiques du savant, et entra avec lui dans une discussion que nous publions pour la première fois à la suite du Moïse.

Il nous reste à disculper Saint-Amant du crime qu’on lui a fait d’avoir composé un poème inédit, un poème inconnu, dont le nom seul nous a été transmis par Loret et plus tard par U. Chevreau et par Brossette, La Lune parlante.

La Muse historique de Loret, consacrant le souvenir de Saint-Amant, dit :

Sa muse estoit d’un noble étage,
Ayant fait pour dernier ouvrage,
Sur la naissance du Daufin.
Un poème galant et fin,
Et de construction charmante,
Intitulé : « Lune parlante »,
Que l’on vend (je croy) chez Sercy…

M. Paulin Paris, à l’obligeante érudition duquel on ne fait jamais appel en vain, nous fait remarquer à ce sujet que « Loret seul, des contemporains, en a parlé ; encore ne dit-il pas absolument que la pièce soit imprimée : le je croy témoigne qu’il n en étoit pas sûr. »

Le dauphin étoit né le 1er novembre 1661 ; Saint-