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Thyonville[1], après le combat,
Fut investy, fut pris au piege,
Et jamais horrible sabat
N’effraya l’air comme en ce siege.

Le fer que le bronze vomit.
En globes bastards de la foudre
Tonna si fort qu’en bref il mit
Les roches de l’enceinte en poudre.

La Mozelle en eut des frissons
Dessous sa liquide simarre,
Et les oyseaux et les poissons
Firent gile à ce tintamarre.

Enfin on heurta tant de coups
Et re-heurta de telle sorte,
Qu’on vit la clef tourner pour nous
Et d’elle-mesme ouvrir la porte.

Nostre vainqueur entra dedans,
D’un air triomfant et superbe,
Sur un grand barbe aux yeux ardans,
Qui trespignoit sans gaster l’herbe.

L’or remasché de son beau frain
S’argentoit d’une fresche escume ;
Il prestoit l’oreille à l’airain
Et hannissoit sous mainte plume.

Il sembloit des-jà presager
De Fribourg[2] la haute aventure,

  1. Thionville fut pris à la suite de la bataille de Rocroy. — Voiture adresse sa cxlive lettre au marquis de Pisani, qui avoit perdu au jeu, pendant le siége de cette place, tout son argent et son équipage de guerre.
  2. Le baron de Mercy, général autrichien, avoit assiégé Fri-