Page:Saint-Amant - Œuvres complètes, Livet, 1855, volume 1.djvu/438

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Tantost leur voix tacite des miracles,
Et ces beaux fils, de gloire accompagnez,
Ne sortent point qu’ils ne soient bien peignez.
En fin de conte ils parlent de la guerre,
Du feu, de l’air, de l’onde et de la terre ;
Leur cœur ne craint ny le temps, ny le sort,
Et, qui plus est, ils incaguent la mort.
Regarde un peu si ta moitié nouvelle
Fait des enfans comme fait ma cervelle,
De beaux enfans qu’il ne faut point nourrir
Et dont le corps ne peut jamais pourrir.
Plust au bon Dieu, pour le bien de ta race,
Chere à mes soins, quelque tort qu’on me face,
Que ton amour, t’espargnant mille ennuis,
T’en fist de tels en ses secondes nuicts !
J’en benirois l’injurieuse flame,
Et l’on verroit et ta bourse et ton ame
Hors d’un soucy qui n’est pas tant leger ;
Mais ces fruicts-là sont d’un autre verger
Que de celuy que la nature humaine
Plante et cultive avec plaisir et peine.
La chair perit, et l’immortalité
À l’esprit seul donne sa qualité ;
Elle la donne à ses labours encore ;
Elle permet qu’au beau nom qu’il honore,
Comme sans fard Saint-Amand fait le tien,
Il communique un si celeste bien ;
Et si, Baron, mon espoir ne se trompe,
Quoy que le temps toute chose corrompe,
Mon Villarnoul en mes vers brillera
Tant que la terre ou le ciel tournera,
Ou que tous deux ils tourneront ensemble.

    carrousel. Courir le faquin ou rompre des lances à la quintaine avoient même sens.