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Je ne croy pas que tout Paris ne sorte
Hors de Paris par une seule porte,
Dans le dessein de t’aller recevoir,
De t’honorer, te bénir et te voir.
Je laisse à part les honneurs militaires
Qu’on te rendra comme à toy tributaires ;
Je laisse à part ton triomphe attendu
Et la ferveur de l’accueil qui t’est du ;
Mais je diray qu’en contemplant ta pompe
Quelque ame sage, ou mon esprit se trompe,
Tiendra peut-estre (à ta gloire s’entend)
Ce beau discours que ma plume t’estend :

Si tous les grands, à la vertu dociles,
Sçavoient au vray combien leur sont faciles
Tous les moyens de se faire admirer,
Que d’avantage ils en pourroient tirer !
Il ne leur faut qu’un acte magnanime
Pour s’en promettre une histoire sublime ;
Un brave mot dit avecques chaleur,
Un air, un signe, une ombre de valeur
Jusques au ciel fait resplendir leurs gestes,
Destourne d’eux cent orages funestes,
Et d’un renom vert, florissant et beau,
Pousse leur vie au delà du tombeau ;
En taus endroits, pour peu d’effort qu’ils facent
Des autres feux les clartés ils effacent ;
Pour peu de soin qu’ils ayent de leur devoir,
Pour peu d’honneur qu’ils tesmoignent avoir,
Leur dignité, leur esclat, leur puissance,
Les nobles dons d’une haute naissance,
Leur font en terre aisement acquérir
Les rares biens que l’homme doit cherir.
Ouay ! qu’est-ce-cy ? la morale m’emporte :
De mon sujet il semble que je sorte,