Page:Saint-Amant - Œuvres complètes, Livet, 1855, volume 1.djvu/416

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ni pié tortu qui sous son grand batail[1]
N’aille tout droit vers le sacré portail.
Le roy, la reyne et le senat auguste
Rendront pompeux un Te Deum si juste,
Et chaque temple, en son particulier,
Dira le sien d’un plaisir singulier.
Mais entre tous desjà je m’imagine
Ô noble Duc de celeste origine !
Que ton soucy, ta princesse, ton cœur,
Ravie en soy de ton destin vainqueur,
Ayant changé la priere en louange,
Benit le ciel avec une voix d’ange,
Et que desjà, consolant Luxambourg,
Fleur des palais et de nostre fauxbourg,
Elle fait voir dans ce bel edifice
Sa vraye amour par un feu d’artifice,
Qui, bien que rare et montant jusqu’aux cieux,
Ne luira point au prix de ses beaux yeux.
Ton autre bien, la royalle pucelle[2],
Ce cher tresor dont la moindre estincelle
Vaut plus que l’astre au beau front argentin
Qui fait l’honneur du soir et du matin ;
Ta fille, dis-je, en vertus sans seconde,
Comme en attraits incomparable au monde,
Fera briller, ainsi que ta moitié,
Nostre heur, ta gloire et sa vive amitié.
Qui depeindroit combien tes aventures
Leur font souffrir de cruelles tortures ?
Qui pourroit dire avec combien d’ennuits
En ton absence elles passent les nuits ?
Tout les émeut, et ton propre courage

  1. Pièce de fer suspendue au milieu d’une cloche pour faire sonner. (Furetière.)
  2. Mademoiselle de Montpensier.